Le Musée Eugène Delacroix : Présentation
Le musée national Eugène Delacroix occupe l’appartement du peintre et son atelier, situé dans le jardin privatif et par lequel on accède par un petit escalier. L’endroit est charmant et prend des allures paradisiaques aux beaux jours car la cour intérieure dont les bancs sont ombragés par de grands arbres est un vrai havre de paix.
Delacroix s’est installé rue de Furstenberg le 28 décembre 1857, malade, alors qu’il recherchait un logement calme proche de l’église Saint Sulpice dont il devait décorer la chapelle. Il vécut là jusqu’à sa mort, en 1863.
C’est en 1929, alors qu’il avait été question de détruire l’atelier, que des peintres ( Maurice Denis et Paul Singac notamment ) et des historiens du peintre ont eu l’idée de former une Société des Amis d’Eugène Delacroix, locataire de l’atelier puis de l’appartement et de l’atelier, pour préserver ces lieux que le peintre aimait. Dès 1932, plusieurs expositions, concerts et conférences y furent organisés et c’est en 1954 que la Société des Amis d’ Eugène Delacroix fit don de l’atelier et de l’appartement à l’Etat pour qu’il y crée un musée qui vit le jour en 1971.
Les visiteur peuvent y voir des toiles, dessins, croquis, objets personnels et lettres de l’artiste ainsi que des œuvres de ses amis, maîtres ou élèves.
Les expositions 2025 et la collection permanente du Musée Delacroix
Exposition Est-ce un Delacroix ? L’art de la copie
Du 22 février au 23 juin 2025, du mercredi au lundi de 9h30 à 17h30 (fermé le mardi et le 1er mai)
Le musée Delacroix interroge ici la notion d’authenticité et la transmission artistique à travers l’exposition Est-ce un Delacroix ? L’art de la copie. À travers une sélection d’œuvres originales et de copies du XIXe siècle, cette présentation met en lumière la pratique de la reproduction et questionne la frontière entre l’hommage, l’apprentissage et l’imitation – en somme, qu’est-ce qui fait qu’un tableau est « un vrai Delacroix » ? Une plongée fascinante dans le processus créatif et l’héritage du maître du romantisme est proposée aux visiteurs.
Le parcours se déploie dans l’ancien appartement et l’atelier du peintre, transformés en espaces thématiques pour l’occasion, avec une scénographie d’œuvres rarement exposées d’ordinaire. Dans la chambre de Delacroix, une première section intitulée « Delacroix ? Les apparences sont parfois trompeuses » confronte le public à des questions intrigantes : est-il toujours facile d’identifier l’auteur d’une œuvre ? Un tableau réalisé par Delacroix pour le compte de Géricault est-il véritablement un Delacroix ? Qui est l’auteur d’une gravure de reproduction d’après une toile célèbre ?
Plus loin, au salon, la section « D’après Delacroix » rassemble des copies signées par des artistes comme Fantin-Latour, Chassériau ou Bouguereau d’après des chefs-d’œuvre de Delacroix (Médée, Les Femmes d’Alger dans leur appartement, La Mort de Sardanapale, etc.), soulignant le rôle central de la copie dans la formation des peintres du XIXe siècle et les liens artistiques qui unissent Delacroix à ses admirateurs.
En miroir, dans la salle à manger, le visiteur découvre Delacroix non plus copié mais copiste lui-même : le peintre s’inspire de maîtres qu’il vénérait comme Rubens ou Goya, dont il reproduit et réinterprète certains motifs, livrant des « copies » très personnelles qui éclairent ses sources d’inspiration.
Enfin, l’accrochage se conclut dans l’atelier de l’artiste, où croquis, études d’après modèle, esquisses préparatoires et tableaux achevés sont réunis pour replacer les œuvres dans chaque étape de leur genèse, depuis l’idée initiale jusqu’à leur diffusion au Salon ou chez les collectionneurs de l’époque. L’exposition ne se limite pas à présenter des œuvres : elle invite à un voyage intellectuel au cœur de la création d’Eugène Delacroix, en révélant ses secrets d’atelier et en brouillant les pistes entre original et reproduction.
Pour enrichir la visite, de nombreuses animations culturelles sont proposées autour de « L’art de la copie ». Des conférences, comme celle explorant l’influence de Goya sur Delacroix, viennent apporter un éclairage historique et artistique supplémentaire aux thèmes de l’exposition. Des visites guidées thématiques gratuites sont organisées un samedi par mois, permettant d’échanger avec des médiateurs sur les œuvres présentées. Mention spéciale pour la visite théâtralisée « À votre service, Monsieur Delacroix », une expérience originale où l’on parcourt le musée en compagnie des personnages inspirés du valet, du cuisinier et du jardinier du peintre – une immersion ludique dans l’intimité du maître pour le public. Des ateliers participatifs (par exemple un atelier d’écriture inspiré par Delacroix) complètent cette programmation riche et vivante, faisant de cette exposition un rendez-vous à la fois instructif et convivial pour tous les amoureux de la peinture.
Exposition hors les murs "S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement"
Du 26 mars au 21 juillet 2025 (musée du Louvre-Lens, Lens), ouvert du mercredi au lundi de 10h à 18h (fermé le mardi)
Au Louvre-Lens, une ambitieuse exposition hors-les-murs invite à explorer les liens entre l’art et la mode à travers les siècles. S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement réunit plus de 200 pièces – peintures, sculptures, tenues, créations haute couture, dessins, photographies, vidéos – pour retracer l’évolution de l’image de l’artiste par le prisme de son habillement, de la Renaissance à nos jours. L’habit fait-il l’artiste ? Telle est la question au centre de ce parcours inédit où, pour la première fois, art et mode dialoguent au Louvre-Lens dans un même espace. De la toge antique à la robe « électrique » du XXe siècle, du costume d’apparat à la simple blouse d’atelier, le vêtement d’artiste révèle une époque autant qu’une personnalité artistique – il dit tout autant de la démarche créative de l’artiste que de la place qu’il occupe (ou revendique) dans la société.
L’exposition met en scène des figures emblématiques : les turbans exotiques de Rembrandt, les élégants foulards d’Élisabeth Vigée Le Brun, le fameux pantalon masculin que George Sand osait porter au XIXe siècle, la robe de chambre de Balzac capturée par Rodin, la perruque argentée d’Andy Warhol ou encore la robe-serpent haute en couleur de Niki de Saint Phalle. À travers ces exemples frappants, on découvre comment l’artiste façonne son image et brouille parfois la frontière entre son œuvre et sa vie : le vêtement devient un véritable langage, vecteur d’affirmation de soi et de création, que les artistes n’ont cessé d’explorer jusqu’à l’époque contemporaine. En écho, le parcours souligne combien les créateurs de mode se sont à leur tour inspirés de l’histoire de l’art et de ses protagonistes : d’Yves Saint Laurent à Christian Dior, de nombreux couturiers ont rendu hommage aux grands maîtres en transposant toiles célèbres et esthétiques picturales dans leurs collections. L’exposition met ainsi en lumière ces dialogues fertiles entre peintres et couturiers, dévoilant une histoire croisée où le tableau et le costume se répondent.
Outre les œuvres prêtées par de grands musées (Louvre, Orsay, Versailles, etc.), cette exposition bénéficie de la participation du musée Delacroix, qui s’associe au propos en prêtant pour l’occasion un précieux tableau : le Portrait de George Sand peint par Delacroix en 1834. Cette œuvre, exposée aux côtés d’autres portraits d’artistes en habit, symbolise à merveille l’esprit de l’exposition – George Sand ayant elle-même adopté un style vestimentaire masculin pour affirmer sa liberté, sous le regard complice de Delacroix.
Autour de l’exposition, le Louvre-Lens propose également un programme riche d’activités culturelles. Des visites guidées et ateliers spéciaux invitent le public à prolonger la réflexion sur l’apparence de l’artiste. Le musée a même noué des partenariats avec des écoles de mode de la région : des collégiens et étudiants en arts appliqués ont contribué à des dispositifs de médiation innovants (cartels augmentés, matériauthèque nomade, etc.) pour offrir un regard jeune et créatif sur le thème abordé. Cette démarche participative, associant le patrimoine artistique aux talents émergents, illustre l’originalité de S’habiller en artiste – une exposition transversale, à la fois érudite et accessible, qui séduira autant les passionnés d’histoire de l’art que les amateurs de couture.
La collection permanente du musée Delacroix
Collection permanente – Ouvert toute l’année, du mercredi au lundi de 9h30 à 17h30 (fermé le mardi, ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre)
En marge des expositions temporaires, la collection permanente du musée national Eugène-Delacroix constitue en elle-même un voyage culturel incontournable. Installé dans le dernier appartement qu’a occupé Delacroix, attenant à son atelier-jardin privé en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, le musée offre une immersion intime dans l’univers du grand peintre romantique. C’est dans ce lieu chargé d’histoire – où l’artiste vécut de 1857 jusqu’à sa mort en 1863 – que sont préservées certaines de ses œuvres les plus significatives, ainsi que des objets personnels qui témoignent de son quotidien de créateur. On peut y admirer plusieurs toiles emblématiques de Delacroix, telles que La Madeleine au désert (1845) – portrait mystique de Marie-Madeleine allongée, dont l’expression inspirée fascina Baudelaire – ou encore L’Éducation de la Vierge, Roméo et Juliette et la fresque murale représentant Bacchus et un tigre, que Delacroix avait peinte pour décorer son propre atelier. À côté de ces peintures, le musée expose une variété d’œuvres graphiques : esquisses au crayon, dessins à l’aquarelle ou à la sanguine, lithographies et gravures… Un ensemble qui permet d’embrasser d’un regard les multiples facettes du génie créatif de Delacroix et d’en comprendre le processus artistique, de l’ébauche jusqu’au chef-d’œuvre abouti. La visite révèle également l’entourage de Delacroix et l’influence qu’il a exercée sur ses contemporains : des portraits du peintre réalisés par ses amis, et des copies de ses tableaux majeurs (comme La Mort de Sardanapale ou Les Femmes d’Alger) exécutées par des artistes admiratifs tels qu’Henri Fantin-Latour, viennent rappeler à quel point Delacroix a suscité l’émulation et le respect au sein du mouvement romantique. Enfin, l’atmosphère si particulière du musée est enrichie par le jardin secret de Delacroix, un petit écrin de verdure inattendu au cœur de Paris. Ce jardin, où l’on flâne entre les parterres fleuris et les arbres centenaires, constitue un havre de paix propice à la rêverie, tout en offrant une vue privilégiée sur la façade de l’atelier de l’artiste – celui-là même qu’il fit construire et décorer selon ses goûts. Loin du tumulte urbain, ce lieu préservé prolonge l’expérience de la visite en invitant à la contemplation et à l’inspiration.
Le musée Delacroix propose ainsi un parcours permanent à échelle humaine, riche d’œuvres d’art et d’histoire, dans un cadre authentique. Régulièrement, les collections font l’objet de nouveaux accrochages thématiques, accompagnés d’une programmation culturelle variée (rencontres, concerts, ateliers, conférences, etc.), afin de renouveler le regard du public sur l’œuvre de Delacroix et sur son héritage artistique au fil des saisons. Que ce soit pour découvrir les chefs-d’œuvre du peintre, percer les secrets de son atelier ou simplement profiter du charme paisible d’un musée-atelier unique en son genre, la collection permanente du musée Eugène-Delacroix promet une visite pleine de découvertes culturelles et d’émotions.