Le Musée Picasso : Présentation
Le Musée Picasso de Paris rassemble un très grand nombre d’oeuvres de l’artiste. Il s’agit de la plus importante collection publique au monde parce qu’elle a bénéficié de 2 donations (celle des héritiers de Picasso en 1979, puis celle de Jacqueline en 1990). D’autres ensembles exceptionnels viennent la compléter, dont la cinquantaine de tableaux de maîtres anciens et modernes, ses archives personnelles, et de nombreux autres dons.
La collection personnelle de Picasso (1881-1973) est visible sous les poutraisons, lieu d’émotion, et ce que l’on en voit est proprement formidable.
On peut toujours chipoter. Trouver qu’il y a peut-être un petit peu trop de Douanier Rousseau, que Château noir de Cézanne (1903-1904) est particulièrement mal accroché, face à une fenêtre, mais les autres tableaux exposés sont des merveilles. On redécouvre l’attention aigüe que Picasso portait aux travaux de Matisse, dont sont mêmes montrés de petits découpages de rien du tout, un bout de palme, un peu de bleu. Les Cézanne, les Van Dongen, Derain, Degas, Renoir, Modigliani, Miro et le Balthus font réfléchir et revoir bien des travaux de l’artiste dont les hautes qualités d’appropriation et de retraitement étaient justement reconnues.
Avoir ainsi accès à ces toiles dans le calme de greniers fraichement rénovés est un plaisir rare. Faut-il commencer la visite par cet étage ou par la partie la plus basse consacrée aux ateliers ? Chacun choisira à son goût.
Au sous-sol, souvenirs des ateliers, le Bateau-Lavoir, le château de Boisgeloup, la rue des Grands-Augustins, où il traversa l’Occupation, la villa La Californie, ou le mas Notre-Dame-de-Vie, à Mougins. Ici ce sont aussi les modes de création, des œuvres structurantes et parfois monumentales. Des photos, une presse et des cuivres de gravures, des objets, des sculptures africaines et des recherches cubistes, en volumes ou en tableaux.
Autres chocs, même si ces œuvres ont déjà pour la plupart été vues, que les "à la manière de..." et les "d’après" où Rembrandt, Cézanne et Manet, maîtres de prédilection, dominent.
Peut-être quelques regrets de gourmandises : l’absence ou la rareté de tableaux des périodes bleue et rose, ou du retour à l’ordre, quand Picasso en fin de Première Guerre mondiale réfugiait son art dans des portraits ingresques...
Au rez-de-jardin est déployée selon un parcours à la fois chronologique et thématique qui fit débat la collection des œuvres de Picasso : peintures, sculptures, dessins, papiers collés et constructions de l’artiste. Elles permettent de retracer ses trajectoires et ses périodes dès 1895 jusqu’à sa mort.
Ainsi vont se succéder Genèse (1895-1900), Monochronie (1901-1906), Primitivisme (1906-1909), Cubisme (1910-1915), Polymorphisme (1915-1924), Métamorphoses (1924-1936), Peintures de guerre (1936-1946), Années pop (1946-1960), D’après les maîtres (1960-1973).
Trois parcours différents sont ainsi suggérés. Le Magistral Picasso, qui couvre le rez-de-chaussée et les 2 premiers étages. Les Dialogues se passent au 3e étage, en toute intimité. Les Ateliers plongent dans les abysses du sous-sol.
Le musée a pris le temps de se rénover, prenez celui de tout voir dans la tranquilité et la clarté de ces nouveaux murs si blancs...